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12.08.2022Dans les coulisses de l’organisation des camps de foot à Crans-Montana

football - grasshoper 2022 - photo luciano

Des équipes de foot souvent prestigieuses viennent s’entraîner à Crans-Montana, comme le Dynamo de Kiev il y a quelques semaines, ou le Grasshopper Club Zürich, avec lequel Crans-Montana est partenaire officiel pour la saison 2022/23 (photo). Ces équipes trouvent des infrastructures d’hébergement à la hauteur de leurs attentes et, notamment, deux terrains homologués FIFA (celui de la Moubra, synthétique a été rénové en 2021). Quel est le retour sur investissement pour le Haut-Plateau? Interview de Walter Loser, président et CEO de Crans-Montana Football Camps, qui nous emmène dans les coulisses.

 

Quelle a été la genèse de cette aventure sportivo-économique?

WALTER LOSER : C'était en 2010. J'ai réussi un coup d'éclat – si j'ose dire – en amenant notre équipe nationale suisse à Crans-Montana pour sa préparation avant la Coupe du monde en Afrique du Sud. Ça m'a donné des idées : pourquoi ne pas pérenniser ces camps et se lancer corps et âme dans ce créneau avec une structure professionnelle?

Depuis 2010, combien d'équipes ont fréquenté notre destination pour s'entraîner?

Je préfère parler de moyenne. Soit une dizaine par année, avec des pics entre 2012 et 2015 lorsque j'avais lancé la Valais-Cup masculine, féminine et jeune, compétitions qui ont attiré foule de grands clubs.


«Jürgen Klopp a fait capoter notre affaire»

Vos plus grandes fiertés?

Peut-être les trois «mastodontes» français (l'Olympique de Marseille, l'Olympique Lyonnais et le Paris-Saint-Germain), le FC Valence, un club de pointe de la Liga espagnole, et l'équipe nationale du Maroc en 2018, juste avant la Coupe du monde en Russie. Mais celle qui m'a le plus marquée, c'est la sélection masculine des États-Unis en 2021 : je n’avais jamais vu un tel encadrement et surtout une logistique pareille! On aurait dit de la science-fiction tellement ce camp a été high-tech.

Des regrets? Une équipe qui s'est désistée au dernier moment et qui vous reste à travers la gorge?

Tout était réglé et protocolé avec Newcastle, club très populaire en Angleterre. Puis Jürgen Klopp (ndlr: l'entraîneur allemand du FC Liverpool, considéré comme un des meilleurs du monde) a mis son grain de sable et fait capoter l'affaire pour des raisons que je ne saurais dévoiler publiquement. Disons qu'il avait un intérêt familial à ce que Newcastle ne vienne pas se préparer dans nos contrées, mais plutôt en Autriche… Je reste aussi frustré de n'avoir jamais pu signer avec un grand club italien : la Juventus, l'Inter de Milan ou l'AC Milan, pour ne citer qu'eux, demandent trop cher.

À propos de demandes, quelles sont les exigences des équipes pour venir ici?

Contraintes il y a… Il faut proposer un hôtel avec package football (pension complète, lavage des maillots, fitness, spa, etc.), un terrain homologué par la FIFA, une organisation professionnelle avec des services 24 heures sur 24 et surtout de pouvoir disputer des matches amicaux durant le séjour, si possible contre des adversaires attractifs. Ce point est essentiel. Il faut aussi des agréments extra-footballistiques: animations et infrastructures parallèles, décor et potentiel loisirs.


«Deux sortes de clients»

Vous n'avez pas cité l'altitude. Ce n'est pas un paramètre important?

Plus aujourd’hui… Avant, on venait en altitude quelques jours et on pensait que les bienfaits étaient évidents, immédiats. Or il faut plusieurs semaines pour - entre autres - régénérer les globules rouges. On utilise surtout cet argument par rapport à la chaleur qui peut sévir en plaine, bien plus supportable sur les hauteurs. La tranquillité, l'air pur et le dépaysement sont autant d'arguments qui plaident en faveur de Crans-Montana.

Revenons aux demandes… Les équipes ont-elles des prétentions financières? En clair, qui paie leur séjour?

C'est un peu du cas par cas. Mais il faut bien distinguer deux sortes de «clients»: les équipes qui paient intégralement leur camp d'entraînement, avec néanmoins des commodités proposées par les instances locales, et celles avec qui Crans-Montana a instauré un véritable partenariat. Comme Grasshopper et le FC Servette notamment. L'ACCM prend ici en charge une partie des frais, lesquels sont ensuite convertis par Crans-Montana Tourisme et Congrès en opérations de marketing dans les clubs, villes et régions concernés.


«Tout le monde est gagnant»

Très concrètement, qui est gagnant au sein de la collectivité publique?

Les hôteliers, les commerçants, les restaurateurs, les entreprises de transports. On parle là de retombées économiques directes. Il y a aussi une association d'image intéressante pour Crans-Montana avec le microcosme du sport, ces retombées indirectes sont difficiles à quantifier.

Des chiffres, on veut des chiffres…

On vient de boucler les comptes de l'exercice 2021 qui, je dois le préciser, a été une année record malgré la pandémie avec quinze camps. Une étude évoque plus de 5000 nuitées pour un apport direct de 1,5 million. Les gens pensent souvent que les footballeurs ne fréquentent que les quatre et cinq-étoiles. C'est un préjugé. Il faut aussi penser aux sélections juniors ou aux clubs amateurs ou semi-amateurs qui occupent des établissements trois-étoiles et même la nouvelle auberge de jeunesse. Tout le monde est gagnant!

Propos recueillis par Blaise Craviolini

Le synthétique? Une évidence! 

Niveau foot, Crans-Montana dispose globalement de deux terrains homologués FIFA auxquels il faut ajouter deux d'entraînement, de deux places destinées spécifiquement aux gardiens et d'un terrain synthétique nouvelle génération, celui de la Moubra. Le synthétique de ce dernier – il datait d'une quinzaine d'années – a été entièrement rénové en 2021 pour un coût d'environ 800'000 francs supporté par le Football-Club, avec le soutien de l'ACCM, de la Commune de Crans-Montana et d'autres partenaires privés ou institutionnels. Les restes de gommes de pneus ont été remplacés par du liège, composant naturel moins chaud.

«Par rapport au gazon traditionnel, ce choix s'est avéré judicieux, surtout à 1500 mètres d'altitude, estime Walter Loser. Ce terrain est utilisé quotidiennement par les nombreuses équipes du FC Crans-Montana en priorité, ainsi que dans des contextes scolaires ou autres. Le synthétique répond parfaitement à ces besoins.»

La pelouse inédite de la Moubra est également foulée par les formations juniors ou amateurs des camps de notre interlocuteur et comme solution de remplacement pour les grands clubs lorsque la météo n'est pas favorable. Elle est facile à gérer, toujours à une qualité irréprochable et à des coûts raisonnables pour les Communes concernées par son entretien.