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17.11.2023Yvette La Marra, ambassadrice du paradis de Cordona

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Naturopathe, spécialiste de la médecine traditionnelle chinoise, elle avait longtemps rêvé de s’installer dans cette enclave de Crans-Montana dans le Haut-Valais, sur le territoire du parc naturel régional Pfyn-Finges.

Dès le Moyen Âge, Cordona forme une commune et une seigneurie. Plusieurs familles vivent à l’année dans ce village à 1240 mètres d’altitude. Les habitants détiennent des terres serviles rattachées au Chapitre de Sion. Les archives permettent de retrouver des traces écrites datées de 1203. Les épidémies de peste, le refroidissement climatique et le maintien du statut d’homme taillable provoquent le déclin démographique de la commune de Cordona. Finalement, les pressions politiques des autorités de la Contrée aboutissent à la fusion avec Mollens. La Chapelle de Cordona est le plus ancien bâtiment du hameau avec la maison bourgeoisiale. Aujourd’hui, sur ce site empreint d’histoire, il ne reste plus qu’une poignée de chalets, dans un décor magnifique.

Le chalet de ses rêves

C’est là que vit Yvette La Marra, 56 ans, spécialiste de la médecine traditionnelle chinoise: «Gamine déjà, j’aimais la nature et depuis une trentaine d’années je me promenais là-haut. Je me disais: un jour moi aussi j’y vivrai. La vie a fait le reste, à force de m’y promener j’ai appris à connaître certaines personnes. Un jour, on m’a donné un tuyau: quelqu’un songeait à vendre son chalet. C’était un vieux monsieur charmant qui avait beaucoup d’attaches dans ce lieu de vie. Finalement, mon amour de l’endroit a fini par le convaincre et j’habite aujourd’hui dans le chalet de mes rêves, dans une clairière, proche d’un petit bisse. Il n’y a pas un bruit qui monte de la plaine, mais dans le même temps, elle est toute proche».

Grand-père guérisseur

La nature, la santé, c’est une histoire de famille chez Yvette: «Mon papa vient de la région de Caserta, Napoli, et ma maman, d’Evolène. Mon grand-père maternel était guérisseur et il a soigné tous nos petits bobos d’enfance.» La suite de son parcours est presque logique: «J’étais franchement assez désintéressée par l’école, mais je savais déjà dans quelles directions j’allais grandir. J’ai fait une formation d’accompagnatrice en montagne auprès de l’école de St-Jean. Puis j’ai travaillé dans le coaching sportif dans le monde du fitness.» De là à devenir thérapeute, il n’y avait plus qu’un pas: «J’ai fait quatre ans de formation dans la médecine traditionnelle chinoise (MTC) à Lausanne, puis trois ans d’études en anatomie et physiopathologie pour être reconnue par les assurances complémentaires, et enfin, deux ans en Qi Gong à Lyon; sans compter l’apprentissage du massage Tui Na.» En clair, toutes les branches d’une discipline vieille sans doute de cinq millénaires, même si son premier corpus écrit date du Ve siècle avant J.-C. À noter qu’elle a inauguré sa propre école de Qi Gong à Sierre.

«Se responsabiliser, être à l’écoute de soi»

Quand on lui demande d’évoquer son métier de naturopathe, Yvette La Marra n’est pas avare de formules: «On règle beaucoup de problèmes de santé par la gestion émotionnelle, en se responsabilisant, en étant à l’écoute de soi. Je dis souvent à mes patients qu’il y a tellement de choses à faire avant de prendre un médicament. Aujourd’hui, nous sommes des assistés pour ce qui est de notre santé.» Parmi lesquels, une certaine pratique du bonheur. «Oui, sourit notre hôte, se faire plaisir, c’est partie prenante d’une bonne santé. Je ne m’empêche pas de temps en temps de boire un verre ou de fumer une cigarette. Mais surtout, je vis mon vrai plaisir au quotidien, à savoir être en contact le plus possible avec la nature. C’est la clé de tout».

Et d’enfoncer le clou: «J’ai toujours un sentiment bizarre lorsque je suis dans un supermarché, avec tous ces aliments conditionnés. Ils ne dégagent plus de Qi, ils sont morts. Or pour notre santé, il important de comprendre d’où vient l’aliment. À Cordona, j’apprécie beaucoup le fait qu’on s’échange des produits du jardin. Il y a même un spécialiste qui nous conseille pour qu’on plante des espèces indigènes.»

Écoute, relaxation et pensées positives

Détaillant son activité, Yvette insiste sur cette question de la nutrition: «Je donne régulièrement des conseils en alimentation, ça fait partie d’une bonne santé. Mais le plus important, c’est être à l’écoute des gens. J’y suis attentive aussi parce qu’ils vivent souvent dans un monde de stress et de contraintes. Je les aide par exemple à reprendre contact avec leur corps, avec leur respiration, à sortir du tourbillon des pensées négatives. Penser à de belles choses, c’est un moyen de soigner sa santé globale.»

Une patientèle des plus variées: «De nos jours, la MTC intéresse des gens de tous les horizons sociaux, des revenus modestes aux plus aisés. D’une manière générale, j’accueille de nombreuses personnes qui en ont assez d’être accros aux médicaments ou qui veulent essayer une autre approche avant d’envisager une opération. Des victimes du burn-out également. Et, cela peut paraître étonnant, mais beaucoup de jeunes femmes ont des problèmes de fertilité; un domaine où l’acupuncture est très performante».

L’art du dialogue

Dotée d’une énergie peu commune - elle a élevé seule ses trois enfants -, Yvette La Marra aime partager son savoir avec ses patients: «Je privilégie le dialogue, car dans ces échanges, inconsciemment, émergent souvent les causes d’un problème de santé. Et cela m’aide grandement dans ma pratique de la MTC».

Une approche aussi positive que ces pensées qu’elle insuffle à ses patients: «L’important, ce n’est pas l’aiguille que je pose, mais le geste qui est derrière. Un geste d’amour qui me vient de l’énergie universelle qui nous entoure. La suite, c’est aussi une question de patience. Il faut se fixer de petits objectifs, se prendre en charge, et si possible au plus près de la nature».

Par Jean-François Fournier