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29.07.2024Étienne Reignoux, l’homme qui place Montana-Village au sommet de l’affiche

Etienne_Reignoux

Après un parcours qui l’a mené des hautes écoles aux plus grands groupes internationaux, ce grand spécialiste de la pub et du marketing a adopté le Haut-Plateau et la Suisse. Rencontre avec Étienne Reignoux, qui ne cache pas son affection pour la région: «Crans-Montana accueille tout le monde formidablement! Ici, tout est nouveauté, diversité et sympathie généralisée.»

«Respirer Paris, cela conserve l’âme», écrivait Victor Hugo. Notre interlocuteur a goûté goulûment l’adage des Misérables durant 15 ans, établi qu’il était, avec sa femme, dans le 9e arrondissement de la capitale française. Et puis… «Ce n’était plus possible, lance Étienne Reignoux, le rythme des choses à Paris, la qualité de la vie en berne, on a décidé de partir, d’ouvrir une nouvelle page de notre histoire».

La solution vient du côté de Madame, elle aussi dans le monde de la communication: «Elle a décroché un très gros contrat à Genève, et, même si l’on n’avait jamais songé à la Suisse, on s’est dit comme de vrais Parisiens, c’est toujours mieux que la province.» Même s’il n’apprécie guère la cité de Calvin, «trop froide», Il trouve rapidement une place chez Neo Advertising, une société spécialisée dans l’affichage, qui est pour lui plus qu’un job, une passion!


Fuir les aéroports

Après une carrière très internationale qui l’a vu s’épuiser (il jonglait avec des clients dans quinze pays), de Genève Cointrin à Zurich Kloten en passant par Milan Malpensa, notre roi de la pub met un jour le cap sur Zermatt, qu’il ne connaît que de nom, pour sacrifier à son amour du ski. «Lorsqu’on a négocié le coude du Rhône à Martigny, il s’est produit quelque chose: un soleil et une lumière incroyables, de la plaine aux montagnes environnantes. J’ai dit alors: je veux m’installer ici. Ça, ce serait un vrai changement de vie!»


Hasards «austériens»

Les lecteurs du grand écrivain américain Paul Auster (récemment décédé) le savent: le hasard est capable de réaliser des prouesses extraordinaires. Ainsi, au moment où il cherche sérieusement un pied à terre, Stéphane Estival, le DG du groupe ESH Médias (appartenant à Philippe Hersant, fils de Robert) contacte Étienne parce qu’il souhaite investir le marché de l’affichage. Il en résulte Horizon SA, une société sur mesure pour notre interlocuteur qui va la diriger pour le compte du magnat français. «Tout était donc réuni pour que notre installation en Valais soit une réussite, se souvient Étienne Reignoux. D’autant plus que nous avons fait la connaissance de l’architecte Ambroise Bonvin, lequel nous a loué sa maison de Montana-Village, avant de nous vendre plus tard le terrain d’à côté et d’y construire notre villa.»


Relais d’opinion et gros contrats

Et Reignoux d’enfoncer le clou: «Grâce à Messieurs Estival, Bonvin et Meizoz (alors directeur du Nouvelliste), le Valais s’est ouvert à moi. J’habitais le paradis de Montana et je rencontrais partout des gens chaleureux, fantastiques, notamment au Club Alpin où je suis aujourd’hui chef de course.»

Son regard sur la commune est aussi enthousiaste que celui qu’il pose sur le canton: «Oubliez le côté manteau de fourrure, ce n’est plus comme ça aujourd’hui: Crans-Montana accueille tout le monde formidablement! Ici, tout est nouveauté, diversité et sympathie généralisée. La commune n’a qu’un petit défaut selon moi: elle devrait mieux soigner la connexion plaine-montagne, s’impliquer davantage dans la vie et la politique valaisannes. Je ne suis peut-être pas encore un Bonvin ou un Barras, mais comme parisien d’origine (il est désormais naturalisé suisse), je comprends qu’on a parfois de la peine à regarder le voisin d’à côté et qu’on préfère voir au loin…»

S’agissant du business très pointu de l’affichage, Étienne ne fait pas mystère de ses ambitions: «Il y a deux géants zurichois, TX Group et la SGA (Société Générale d’Affichage), et des acteurs économiques plus petits, Neo Advertising et Horizon. J’ai pour objectif, avec mon équipe, de décrocher de gros contrats pour nous rapprocher du haut du marché romand. Les villes de Lausanne et Genève vont bientôt revoir leur politique de l’affichage, et là, on parle en millions, ce sera un sacré match contre nos concurrents. Si nous convainquons ces grands annonceurs institutionnels, nous changerons clairement de dimension. Ce n’est pas impossible, car nous offrons une proximité et un service indiscutables.»


L’affichage remis en question

«On ne mourra pas de ne plus avoir de clients, sourit Étienne, mais de ne plus avoir de panneaux.» Une formule digne de Jacques Séguéla. «Il faut dire qu’on traverse une période du "tout nature" et d’une protection à tout prix de la planète. Tout le monde est d’accord là-dessus! Résultat: les communes veulent bien afficher leurs richesses culturelles ou gastronomiques, mais plus question d’accepter comme avant les grandes campagnes d’affichage commerciales. Pourtant, ce sont souvent ces annonceurs qui permettent la survie des groupes de médias. À nous les spécialistes de leur rappeler l’utilité de cette communication dans le fonctionnement de notre société. À nous de leur rafraîchir la mémoire, parce que sans cet argent, les groupes de médias auront de la peine à financer l’indépendance, la rectitude de leurs titres ou de leurs stations radio ou TV.»

Attention aux enjeux démocratiques qui découleraient de cette situation, si l’on en croit Étienne Reignoux: «L’argent qui ne viendra plus dans les médias traditionnels comme la presse ou l’affichage sera de toute façon dépensé et finira dans la nébuleuse incontrôlable du web. Les politiques doivent donc bouger. Et je veux croire qu’ils le feront!»

Par Jean-François Fournier