17.12.2024Sébastien Rey: «Crans-Montana? Mon enfance, mon havre de paix, mes racines!»
Directeur de Rhône FM et désormais du Nouvelliste, enfant d’un Haut-Plateau qu’il adore, Sébastien Rey, 47 ans, évoque ses racines et l’avenir de sa profession. Rencontre avec un passionné qui sait rester zen.
L’agora au cœur de Rhône FM est déjà décorée façon Noël, prête à accueillir émissions et auditeurs. Le grand patron salue tout le monde, s’enquiert des derniers détails opérationnels et guide son hôte jusqu’à son bureau, quelques pas plus loin. Il est comme ça, Monsieur le directeur Sébastien Rey: impeccable et soigneux des détails, mais aussi chaleureux et attentionné, à l’image de l’esprit qui anime sa radio. L’accueil est d’autant plus exemplaire qu’il s’agit de lui faire parler de Crans-Montana, son Crans-Montana. «C’est mon enfance, raconte-t-il, des étoiles plein les yeux. Mon havre de paix, par temps calme comme dans la tempête. Je n’y ai jamais habité, mais ce sont sans conteste mes racines les plus profondes.»
Un Rey de Corin
«Même si aujourd’hui je les adore, je n’ai jamais été quelqu’un des hauteurs, rigole notre interlocuteur. Ma grand-mère était de Corin, mes parents avaient choisi d’habiter la plaine. Pourtant, j’étais attiré vers le haut. Mon oncle y avait un mayen perdu dans la forêt où l’on organisait la plupart de nos fêtes de famille. Et avec mon père, on sillonnait les plus beaux coins que la nature réserve autour de la station, et même plus haut encore, en direction des alpages et des sommets…» Et d’en rajouter une couche avec le plaisir d’un gourmand découvrant une pâtisserie: «La nature y est incroyable, et surtout, ça me parle. C’est une station qui est également conçue pour accueillir des non-sportifs, ce qui est hélas mon cas. Par faute de temps, ou peut-être par paresse, qui sait?»
À 29 minutes du bonheur
Lorsqu’on insiste pour qu’il évoque Crans-Montana plus en détail, Sébastien Rey nous sert une formule choc: «C’est à exactement 29 minutes de Sion, où je réside aujourd’hui. Je sais que ce n’est pas très écoresponsable, mais je déjeune chez Taillens dès que je peux. C’est mon bonheur secret. Le problème, même si ce n’en est pas un, c’est qu’en traînant un peu, on y rencontre untel ou un autre et que l’apéro suit le déjeuner d’un rien. Pour moi, ce n’est donc jamais facile de redescendre vers la plaine!»
De supporter à journaliste
Son parcours professionnel doit beaucoup à un professeur de français au cycle d’orientation, lequel eut l’idée d’un exposé et inclut la radio dans ses suggestions aux élèves qui manquaient d’inspiration. «C’était mon cas, sourit Sébastien. J’ai tout de suite vu la possibilité de passer une journée cool au bord du lac à Lausanne, après avoir bâclé une brève visite à La Sallaz, au siège de la Radio Suisse Romande.» L’apprenti-journaliste se retrouve ainsi aux premières loges du «Petit Déjeuner» de Patrick Ferla, puis de la mythique équipée humoristique de «Cinq sur cinq». «J’ai alors sympathisé avec eux. C’étaient des types extras: Simon, Lapp, Nordmann, Gardaz, Golovtchiner et le boss Claude Blanc, alias Monsieur Milliquet dans les aventures de Ouin-Ouin.» C’est d’ailleurs sur un conseil de Claude Blanc, qui lui dit d’aller voir à Radio Rhône s’il n’y avait pas de place pour un jeune, que Sébastien Rey rencontre Jean-Luc Ballestraz, l’homme sans qui il n’y aurait sans doute jamais eu de radio en Valais. «J’aimais le hockey et Sierre, que je suivais, venait de monter en LNB. Il y avait déjà un commentateur pour les matches de Martigny, mais la radio, déjà ambitieuse, voulait quelqu’un pour Sierre. Je me suis retrouvé derrière le micro. »
Love story
Et le désormais double directeur du Nouvelliste et de Rhône FM se retrouve embarqué dans une histoire d’amour peu banale: «J’ai eu la chance de connaître l’ère des pionniers, les débuts de la professionnalisation. Je me suis retrouvé chef d’antenne au tournant des années 2000, j’ai vu l’équipe doubler en 25 ans. On a affronté le Covid. J’ai repris la direction dans des conditions tragiques, après le décès de Kurt Hediger, un homme que nous aimions tous. Et je vis désormais au quotidien les succès de Rhône FM, ses projets parfois un peu cinglés, l’occasion de partager avec tous nos auditeurs l’amour du métier radio.» Le secret de ce média gagnant alors que tous les autres ou presque tirent la langue? «Son côté valaisan, assure son boss. Celles et ceux qui nous écoutent deviennent des amis, des membres de la famille. Et il en va de même pour nos annonceurs: nous nous efforçons de parler vraiment d’eux et pas de nous! La relation d’argent est subalterne à cette approche, clairement. En fait, nous ne nous prenons jamais pour ce que nous ne sommes pas. On est au même niveau que notre public, et il nous en est très reconnaissant!»
Relancer Le Nouvelliste
Autant le ciel de la radio est dégagé, autant le titre tutélaire de la presse valaisanne est confronté à une réalité moins rose. Sébastien Rey en est conscient: «Le Nouvelliste a vraiment besoin de retrouver une vraie proximité avec ses lecteurs, de doper ses contenus régionaux et nationaux. Je suis convaincu que nous en avons les moyens. Cette quasi-fusion avec les Valaisans, la radio l’a bien réussie; le journal peut donc le faire!» Et d’évoquer l’impulsion que le groupe ESH Médias – dirigé par Sébastien Hersant, le fils de Philippe, propriétaire du NF – entend donner au quotidien: «Quand j’ai rencontré Sébastien pour évoquer cette double direction et les objectifs à fixer, j’ai eu en face de moi quelqu’un de très au fait de ce qui marche et de ce qui ne marche pas dans la presse écrite. On n’a pas parlé de postes à supprimer, mais de collaborations futures, d’augmentation de nos contenus, notamment valaisans. Quand je vois la qualité du travail en commun lors des inondations à Sierre, je me dis qu’on peut absolument relever ce défi!»
Un centre des médias? Pour ce faire, outre la radio, Sébastien Rey dispose aujourd’hui d’une autre plateforme très prometteuse: Rhône TV. «Elle n’est pas là pour concurrencer Canal9, mais pour élaborer une offre complémentaire non seulement à Rhône FM, mais encore à Canal. Pour l’instant, ce projet dépasse clairement nos espérances.» Parmi les objectifs qui le motivent le plus, Sébastien en détache un qui lui tient très à cœur: la création d’un authentique centre des médias. «Quelque chose de pro qui réunisse tous les médias, y compris la RTS, l’ATS et même les correspondants valaisans d’autres médias. J’y crois dur comme fer et je vais m’engager à fond pour finaliser l’idée.»
Par Jean-François Fournier