02.12.2024Zoé Georgoulis: «Crans-Montana crée une stimulation artistique, intellectuelle et sportive»
Grecque d’origine, bruxelloise quarante ans durant, suissesse depuis 2019, la présidente de l’association Montagn’Arts se fait l’ambassadrice d’une région qui réunit tout ce dont elle rêvait. Portrait d’une grande amoureuse de la littérature, de la philosophie et du bien-vivre.
«L'Art est un chemin vers l'espace en nous où fleurit le meilleur de soi ou comment faire de sa vie une œuvre d'art.» Voilà la définition que l’association Montagn’Arts donne d’elle-même, elle qui offre régulièrement des soirées exceptionnelles aux habitants de Crans-Montana. Grâce à une poignée de passionnés toujours à la recherche du beau, du vrai, de l’humain. En quête du processus de création de l’art dans sa dimension la plus profonde, la plus intime, la plus précieuse. Ou de l’acte gratuit destiné du plus grand nombre.
On est là au point de jonction de la réflexion, de la philosophie, de la littérature, de la musique, bref des émotions. Parce que la beauté est toujours source de bonheur, disait Frédéric Lenoir, écrivain et philosophe invité de Montagn’Arts… Une approche exigeante et nourricière, telle que voulue par la présidente Zoé Georgoulis et son comité.
Pétrie de culture classique
Ainsi que l’indique son patronyme, Zoé a des origines grecques, et pas n’importe lesquelles: «Mes deux parents venaient de Thessalie, au centre du pays. Je suis née dans la région du mont Olympe, la montagne sacrée des dieux, dit-elle d’un ton humoristique, le plus haut sommet grec avec 2900 m, mais loin derrière les montagnes suisses. On allait en vacances en Grèce tous les étés, mais j’ai grandi et vécu quarante ans à Bruxelles. Ce qui ne m’a pas empêchée de faire des études classiques: latin et grec au collège, philologie romane en licence universitaire. Mon professeur de latin m’avait dit: “Tu verras, ça t’ouvrira toutes les portes plus tard.” Ce qui est certain: ce mélange des genres et des cultures est à l’origine de mes choix professionnels, qui ont presque toujours été en rapport étroit avec les arts.»
Prof, coach et manager
Après des études de Lettres à l’Université libre de Bruxelles, suivies d’une formation dans différentes écoles de psychologie appliquée, son parcours professionnel explore de multiples sentiers: professeur de français au collège ou en école privée; directrice adjointe d'un centre de formation avant-gardiste à Bruxelles; consultante, intervieweuse et formatrice pour une agence internationale de publicité; coach d’une troupe de jeunes chanteurs valaisans; manager d'un artiste associant musique et mieux-être pendant 15 ans, en l’occurrence le pianiste Stéphane Stas, son second mari.
Depuis 2003 – on est là dans ses années suisses, qu’elle a découvertes en couple –, Zoé Georgoulis y exerce en tant que formatrice de français langue étrangère. Et elle suit, en parallèle, une formation en expression corporelle suivie durant vingt ans. Autant d’explorations que de remises en question, qui ont abouti à la création de l’association Montagn’Arts en 2013.
Quelque chose en nous de… créatif!
La base de cette démarche s’explique par une jolie formule que la présidente nous répétera souvent au cours de notre entretien: «On a tous en nous quelque chose de créatif!» À partir de là, il s’agit de maïeutique socratique: littéralement, l’accouchement des spectateurs venus rencontrer les invités de l’association. «J’aime faire venir des philosophes à Crans-Montana, parce que, mieux que d’autres, ils sont capables d’ouvrir des portes, de planter des graines fécondes.»
Un travail ambitieux, s’il en est: «On m’a dit au début de l’association: “Tes conférences artistiques et tes philosophes n’intéresseront personne ici.” Mais j’ai persévéré, et bien m’en a pris, puisque des personnes sont venues par dizaines, parfois de villages, mais aussi de toutes les régions romandes et même de France, toutes animées par des questions similaires aux nôtres et en quête de réponses pour un mieux-vivre.»
Mieux que la mer
Sa relation de cœur avec Crans-Montana débute par un coup de foudre. «Stéphane Stas, mon second mari, pianiste et chanteur, m’a fait découvrir ces montagnes. D’abord, moi, la Belge fière de sa mer du Nord et la Grecque de sa Méditerranée, je me suis dit: “Zut, il n’y a pas la mer dans cette destination.” Mais quand j’ai vu ces montagnes, j’ai vite changé d’avis. C’était sublime!»
Au collège, partie en Suisse pour un séjour sportif, elle remporte même un prix de vitesse pour les skieurs débutants. Aujourd’hui, elle est plus zen et pratique plutôt la randonnée, hiver comme été. «C’est un des grands atouts de Crans-Montana. On peut y vivre pleinement les quatre saisons et profiter de tout ce que la nature peut nous apporter. Chaque saison a sa beauté, chaque paysage aussi. D’ailleurs, j’aime partager sur les réseaux sociaux les photos de toutes ces merveilles, accompagnées de phrases d’auteurs. Ma manière à moi de faire la publicité du Haut-Plateau.»
Stimulation triple
Pour Zoé Georgoulis, Crans-Montana est une destination idéale: «Outre les forêts, les lacs, la montagne, il y a ce petit côté ville qui en fait une destination complète. C’était important pour la Bruxelloise que j’étais de ne pas être obligée de partir pour retrouver les avantages d’une communauté urbaine.»
Mais la présidente de Montagn’Arts va plus loin et perçoit même une autre dimension spirituelle à sa commune: «C’est en effet un endroit où il y a comme une stimulation à la fois artistique, intellectuelle et sportive. Un terreau organique où il se passe toujours quelque chose – et l’association essaie d’y contribuer avec nos conférenc’Arts (on les appelle ainsi car le visuel ou la musique y jouent aussi un rôle), en partant toujours de l’humain, et en proposant à notre public des figures de renom, comme nous l’avons fait avec le poète Christian Bobin, le philosophe et écrivain Frédéric Lenoir, ou encore le célèbre formateur et auteur Thomas d’Ansembourg.»
Par Jean-François Fournier