05.01.2023«Crans-Montana: un creuset idéal pour les business créatifs du futur», affirme le fondateur de MagicTomato
Financier et gestionnaire de formation, Paul Charmillot, comme MagicTomato, le super-héros qu’il a créé, part en guerre contre les produits alimentaires trafiqués ou industriels, en créant des écosystèmes complets afin de remplacer les supermarchés du point de vue bilan carbone. Rencontre avec un entrepreneur citoyen nouvellement arrivé à Crans-Montana.
Nom: MagicTomato. Profession? Super-héros. Objectif: nous sauver, nous les citoyens, des mauvais produits au bilan carbone catastrophique. Nouvelle planète: Crans-Montana où il vient de s’installer avec sa famille.
«Tu vas voir, explique Nicolas Féraud, le président de la Commune de Crans-Montana, Paul Charmillot et son entreprise MagicTomato, c’est le genre de projet novateur qui représente bien le nouveau terreau économique de la commune.»
Et de fait, le parcours du fondateur de ce réseau de vente proximité de produits alimentaires est synonyme du self-made-man salué par la presse et qui enchaîne les réussites.
La parole au principal intéressé:
«J’ai été longtemps dans le moule du grand business: la banque, la finance, la gestion, l’analyse de projet. C’était ma formation. J’ai même été partie prenante d’un concept très pointu de marque de haute joaillerie, aventure que nous avons portée jusqu’au sommet du grand luxe à Baselword, le salon mondial de l’horlogerie, de la bijouterie et des pierres précieuses.»
Résurrection citoyenne
On est là très loin d’un projet aussi écoresponsable que MagicTomato. «J’y viens, sourit Paul Charmillot. Vers 2016, j’ai vraiment ressenti une sorte d’écœurement, de ras-le-bol devant tout le gaspillage d’un système qui investissait essentiellement dans des projets qui n’apportaient rien à la sauvegarde de notre planète mise à mal. Et j’ai décidé de changer complètement de cap, de me lancer dans un projet véritablement citoyen.» En clair, de devenir peut-être le super-héros qu’est MagicTomato. «Je ne suis pas un écolo pur et dur, c’est plutôt une conviction qui s’est forgée au fil du temps. Il fallait, au bout du compte, nous sauver de la nourriture industrielle. Difficile d’expliquer le pourquoi du comment. Mais pour moi, l’art de vivre, le fait de bien manger, a toujours fait partie des choses importantes, du décor de ma vie.» En famille déjà? «Oui, à la maison c’était presque sacré, car ma maman, d’origine libanaise, a toujours soigné les repas afin qu’ils soient de grande qualité et participent au bien-être de tous les convives, ainsi qu’il en va dans son pays.»
Dans quatre régions
Genevois pur souche du côté de son père, Paul s’est toutefois concentré sur le quadrillage de la Suisse romande quand il a fignolé son concept MagicTomato: «Au moment où nous lançons un quatrième réseau axé sur Crans-Montana et Sierre, les trois premiers sont déjà pérennes: Genève et région, Lausanne et région, et Fribourg-Neuchâtel-Jura.» Et de nous révéler l’une des clés du succès: «Il faut un socle d’une centaine de commandes pour que le réseau tourne, et nous faisons tous les efforts marketing-publicité-qualité pour atteindre cet objectif de départ.»
Plus que la qualité, c’est l’authenticité qui frappe dans cette entreprise. Qu’on parle de produits maraîchers, de boucherie, de boulangerie, de fromagerie, d’épicerie, de jus de fruit ou de vins, tout est livré – en véhicule électrique – dans la journée pour une commande matinale, qui plus est sur le principe du circuit court n’impliquant que des producteurs et des artisans de la région. «Nous touchons actuellement dans nos écosystèmes environ 300 artisans-producteurs et plus ou moins 80 artisans, développe le boss. Mon objectif rêvé, c’est de doubler ce chiffre.» Une ambition partagée par les 35 employés de MagicTomato. «N’oubliez pas qu’à la base de tout, il y a notre envie de convaincre nos clients de la qualité exceptionnelle des produits que nous lui proposons, une envie qui passe avant même le fait d’adopter une démarche écolo. Bien sûr, si vous commandez chaque semaine chez nous au lieu de vous rendre dans plusieurs commerces du type supermarché, vous faites réellement un geste utile à l’avenir de la planète.»
Communauté participative
«Je vois loin, sourit Paul. J’aime quand un écosystème voit ses membres s’impliquer, nous proposer d’autres pépites du commerce écoresponsable de proximité. Et puis, c’est notre essence même en tant que communauté participative, et c’est prévu dans notre concept, les clients qui nous apprécient et nous font confiance ont la possibilité de devenir propriétaire de la démarche. C’est le but, et ce faisant, les gens qui s’investissent nous permettent d’ouvrir d’autres réseaux ailleurs, car l’objectif n’est pas d’accumuler de la richesse, mais bien de rendre chacun de nos écosystèmes autonomes, et de réinvestir les bénéfices dans une expansion réfléchie.»
Réussite programmée
MagicTomato à Crans-Montana, c’est évidemment un peu de tout ça, avec un plus familial: «Mon grand-père avait un chalet aux Giettes, alors j’ai pris l’habitude du Valais. J’ai découvert le Haut-Plateau un peu par hasard et j’ai succombé tout de suite à son charme. Ce mélange de nature, d’esprit de village, et de facilités des villes, ça permet de satisfaire toutes les envies d’une vie. Avec ma femme, nous avons ainsi fêté notre mariage ici, et puis, finalement, quand il nous est apparu clair qu’il fallait inverser nos priorités, vivre à la montagne et aller en ville pour le travail plutôt que vivre en ville et se reposer en montagne, l’idée de nous installer ici avec notre fils de 20 mois s’est imposée naturellement!»
Et pour le super-héros MagicTomato? «Crans-Montana est un creuset idéal pour les business créatifs du futur. Je crois en notre réussite dans cette région.»
Par Jean-François Fournier
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