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31.05.2023«À Crans-Montana, la sécurité est un sentiment partagé», déclare le commandant Sauvain

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À la tête d’une petite équipe d’une vingtaine de collaborateurs, le commandant de la Police intercommunale de Crans-Montana Yves Sauvain gère la sécurité d’une entité parfois équivalente à une ville de 60'000 personnes.

Il est arrivé en avance et en uniforme - «Parce que la police doit être visible pour être efficace», dit-il. Jurassien d’origine et neuchâtelois de carrière, Yves Sauvain, 54 ans, est commandant de la Police intercommunale de Crans-Montana. Certains l'interpellent en lui donnant du «Commissaire»; ne cherchez toutefois pas de ressemblance avec Maigret, Moulin, Navarro ou d’autres héros télévisuels : notre interlocuteur n’est pas un solitaire, mais un homme d’équipe, presque d’appareil, de devoir en tous les cas.

«La police, raconte Yves Sauvain, je suis tombé dedans comme Obélix dans le chaudron de potion magique. Mon papa était policier, deux de mes oncles l’étaient, et aussi longtemps que je m’en souviens, j’ai toujours rêvé d’exercer cette profession. Je n’ai jamais eu l’ombre d’un regret. C’était même tellement clair pour moi que j’ai choisi le CFC le plus court pour pouvoir m’inscrire à l’école de police de Neuchâtel. Le minimum, c’était deux ans, soit comme employé de bureau, soit comme vendeur. Coincé derrière un écran m’apparaissait insupportable, j’ai donc opté pour la vente que j’ai pratiquée jusqu’à mon école de recrue.»


Son mantra: «Au contact de la population»

La suite se déroule conformément au plan: école de recrue a minima, école de police et entrée à la municipale de Neuchâtel où il prend soin de passer par tous les services pour emmagasiner le plus d’expériences possible «au contact de la population». Yves gravit alors tous les échelons jusqu’à être nommé remplaçant du commandant. Et puis, un jour de 2011, il y a cette annonce: Crans-Montana cherche un chef pour sa police.

«Je sentais depuis quelque temps déjà qu’on s’orientait de plus en plus vers un modèle de police unique, or ce n’était clairement pas mon approche en matière de sécurité générale, car cela n’offrait pas assez de possibilités d’œuvrer au contact direct des citoyens. J’ai donc décidé de franchir le pas. J’ai postulé, passé des assessments, analysé les défis proposés et, puisque les autorités m’ont fait confiance, me voilà de retour en Valais où j’avais déjà vécu jusqu’à l’âge de trois ans.»


La sécurité, atout de séduction

La police intercommunale que dirige Yves Sauvain, ce sont seize policiers, trois assistants sécurité et deux secrétaires. «On cherche actuellement trois aspirants, précise le commandant. Et de nos jours, il est difficile de pourvoir de tels postes.» 

Le fonctionnement de cette équipe répond aux convictions bien trempées de son chef: «Notre mission de base est d’assurer la présence visible de la police pour entretenir le sentiment général de sécurité. Nous devons également sécuriser toutes les manifestations qui se déroulent sur le territoire communal. Il faut, en résumé, que les gens se sentent ici en sécurité. Et c’est un atout indiscutable pour attirer chez nous de grands entrepreneurs, de grands créateurs, des fortunes importantes. En effet, ces personnes priorisent leur sécurité et celle de leurs proches.»

Et le commandant de poursuivre: «Il y a d’une part la sécurité quantifiable, avec les cambriolages, les vols à la tire, etc. Et d’autre part, ce ressenti qui fait qu’à Crans-Montana, on ne panique pas si l’on a oublié de fermer sa voiture. Maintenir ce ressenti (important pour la qualité de la vie) n’a rien de facile: il faut aller au contact des commerçants, de la population, des visiteurs. Cette présence, cet effet dissuasif seront toujours ma priorité.»


Vidéosurveillance dissuasive

Outre la présence des policiers sur le terrain, Yves Sauvain peut également compter sur la Vidéosurveillance: «Il n’y a pas eu de polémique à Crans-Montana sur ce sujet qui a été expliqué de façon très transparente aux habitants. Aujourd’hui, notre réseau contribue au sentiment général de sécurité, et je suis convaincu qu’il décourage les bandes organisées lorsqu’elles viennent faire des repérages dans notre commune, quand bien même il y a eu par le passé quelques braquages médiatisés.»

Au chapitre prévention, outre les programmes usuels dans les écoles et la prise de température régulière auprès des commerçants, la police intercommunale de Crans-Montana offre une fois par mois le café aux habitants, dans un établissement de l’un ou l’autre des villages. «La meilleure prévention, c’est quand les gens savent que vous êtes abordables, assure Yves Sauvain. La remontée d’information est pour nous une chose très importante qui permet d’éviter de nombreux problèmes.» On repense ici à la définition du grand journaliste français Jean-François Kahn dans son «Dictionnaire incorrect»: «Le héros d'aujourd'hui, est celui qui est capable de donner raison à la police.» 


Giro, golf et Mondiaux de ski alpin

Parmi les nombreux défis que relèvent le commandant et son équipe, le sport international tient une place de choix. «Crans-Montana vient d’accueillir le Giro : le tour cycliste d’Italie a été un magnifique succès public qui cache plus de 25 séances de préparation avec la police italienne, la cantonale et les organisateurs. On assure aussi chaque année la sécurisation des courses de ski et de l’European Masters de golf.» Le tout non sans un certain doigté: «Dans certains cas, on peut même recourir aux patrouilles en civil pour être incognito aux cœurs des événements, tantôt pour repérer voleurs et pickpockets, tantôt dans le cadre de la lutte contre les dealers ou les consommateurs de stupéfiants, je pense notamment à la police lors de certains festivals.»


Destination familiale idéale

On le voit, la vie de commandant de la police n’est pas une sinécure: «Surtout que Crans-Montana se transforme chaque fin d'année en ville de 60'000 habitants avec tout ce que ça veut dire s’agissant de la sécurité. Mais les autorités ont par exemple beaucoup progressé s’agissant de la gestion des parkings, et des transports. Et ce n’est pas fini!»

Pourtant, Yves Sauvain trouve toujours du temps pour les siens: «Crans-Montana est un endroit idéal pour la famille: beauté des paysages, nature, soleil, qualité des écoles, des services publics, de la sécurité, des loisirs, bref de la vie en général. J’ai reçu diverses propositions pour ma carrière, mais je ne vois aucune raison de me priver de tout ça.» 

Aucune raison non plus de ne pas rejoindre son bureau tous les matins à la course, de Mollens à Montana-Village où il prend le chien de son fils, puis jusqu’au poste sur le Haut-Plateau. «C’est ma manière à moi de déconnecter, de commencer ma journée professionnelle détendu et avec de bonnes sensations.»

Par Jean-François Fournier