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07.10.2024Belge tombée amoureuse de Crans-Montana, Laetitia Speckinger «a une brique dans le ventre»

Laetitia_speckinger

Bruxelloise tombée amoureuse de Crans-Montana – «Un lieu où on peut conjuguer vie en station et passion pour la vie sauvage» –, la fondatrice de «Mises en Valeur» illumine le Haut-Plateau de son sourire et de ses compétences. Rencontre avec Laetitia Speckinger, une femme dynamique, qui adore réaménager les espaces intérieurs au point d'en faire son métier.

«Je suis née à Bruxelles en 1972. On ne peut pas faire plus Bruxelloise que moi! La maternité était juste à côté de la Grand-Place.» Attablée dans son superbe chalet de Randogne, dont elle a dessiné tous les plans, Laetitia Speckinger replonge aux confins de sa belgitude: «J’ai grandi dans la capitale et j’ai beaucoup déménagé autour de Bruxelles. Il m’en reste forcément un héritage. Je prononce par exemple "ou" les "u". Et Max, mon mari, me dit souvent que j’ai "la porte belge", comprenez que j’accueille facilement tout le monde. Chez moi, il n’y a aucun mal à sonner à l’improviste pour partager un café ou un apéritif.»

Et de souligner un premier rapport entre son caractère et son métier actuel, après dix-sept ans passés dans l’immobilier: «Chez nous en Belgique, on est très attaché à nos intérieurs. Alors plutôt que de sortir à la moindre occasion, on aime recevoir. On aime partager les jolies choses de notre cadre de vie.»

 

Un chalet à l’eau de pluie

«Il y a une autre expression belge qui dit tout de mes passions, rigole Laetitia: j’ai "une brique dans le ventre"! Une manière de dire que ma maison est le cœur de ma vie et que j’aime tout ce qui a trait à la construction, à l’aménagement d’intérieur et à l’accueil des gens.»

Petit coup de projecteur donc sur le cadre de vie de la famille Speckinger. «Sans être des écologistes forcenés, on attache beaucoup d’importance à l’environnement. Alors, quand on a opté pour une construction neuve, on s’est dit: autant faire tout juste d’entrée de jeu!» Ce qui s’est traduit par des choix pointus. «Les grandes baies vitrées sont orientées sud-est pour maximiser la chaleur en hiver et la fraîcheur en été. Et on a installé 21 panneaux solaires et une pompe à chaleur pour l’électricité et le chauffage.»

Plus originale, la citerne de récupération de l’eau de pluie: « Avec ça, on arrose les 50 m2 du jardin potager et la pelouse, on se douche, on tire la chasse, et grâce à un triple robinet dans la cuisine et à une double filtration par osmose (ndlr: filtrage très fin qui ne laisse passer que les molécules d’eau), on peut même consommer cette eau du ciel.»

 

Amours et déménagements

Pour la native du plat pays, le coup de foudre avec Crans-Montana est immédiat. «Les vues sont ici à peine croyables, d’une beauté à couper le souffle. Et on peut conjuguer la vie en station et une passion pour la nature, dont on n’est jamais plus éloigné que cinq, dix minutes. Chez moi, c’est un sentiment profond qui date de l’enfance et de la première fois où j’ai découvert la montagne, quelque part en Italie.»

Laetitia Speckinger était faite pour Crans-Montana! Elle y a d'ailleurs rencontré celui qui est devenu son mari. «J’ai rencontré Max en boîte avec des amis, plus précisément au Baroque. Par la suite, il est venu me rendre visite à Bruxelles avec nos amis communs. À mon retour en Suisse, son numéro était le seul contact local que j'avais dans mon téléphone.» 

À son attachement profond à la région fréquentée par des hôtes du monde entier s'ajoute sa capacité à évoluer avec aisance dans un environnement international, fruit de nombreux contacts tissés dans le secteur de l'immobilier. De la richesse de sa culture familiale aussi: «Du côté paternel de Max, confie Laetitia, on retrouve des origines autrichiennes, grecques et finlandaises, ces dernières étant particulièrement mises en valeur par sa mère». Max Speckinger lui-même dispose d'un riche réseau: chef de cuisine de formation, il avait notamment été directeur de la restauration au Casino de Crans-Montana.

Sur le plan professionnel, elle se passionne donc pour les aménagements intérieurs. Et avec 24 déménagements à son actif, elle a acquis de l'expérience! «J'ai dû à chaque fois recréer un nouveau refuge, presque un cocon. Ces expériences m’ont énormément enrichie dans mon métier. Elles montrent que l’aménagement est à la portée de tous, car on peut réaliser des merveilles avec des budgets modestes. La beauté d’un intérieur n’a rien à voir avec le porte-monnaie. Les gens sont souvent stupéfaits de découvrir tout ce qu’on peut accomplir avec du bon goût et un peu de savoir-faire.»


Collectionneuses de mère en fille

Son parcours professionnel a probablement pris racine dans les innombrables magazines de décoration que sa mère collectionnait. «Une obsession que j’ai rapidement adoptée. J’ai accumulé des idées de décoration par centaines, au point qu’il m’a été difficile de les trier! Par la suite, j’ai suivi une formation à distance de designer d’intérieurs. Je me suis lancée dans ce domaine, convaincue de pouvoir déceler des potentiels que beaucoup ne remarquent pas. Cela englobe tout, des finitions d’une habitation – essentielles pour créer une atmosphère –, au suivi du chantier en passant par la mise en valeur des objets et des meubles.»

Tout n’est pas toujours évident, même dans la meilleure des formations, précise Laetitia: «Au départ, j’ai beaucoup tâtonné, car il faut jongler entre l’architecture, l’architecture d’intérieur et la décoration à proprement parler. Mais avec le temps, j'ai fini par trouver l'équilibre entre ces différentes disciplines.»

 

Fluidité et cohérence

Sur sa route expérimentale, Laetitia se tourne vers le home staging, une pratique née dans les Seventies aux États-Unis, consistant à mettre en scène l'intérieur des maisons et des appartements pour attirer des locataires ou des acheteurs. «C'est une approche qui mérite qu'on s'y attarde, insiste notre interlocutrice. Cependant, chez nous, les propriétaires hésitent encore à investir. Ils se disent qu'il n'est pas nécessaire de le faire puisqu'eux-mêmes trouvent le logement suffisamment agréable.»

Son expérience personnelle débouche sur une évidence: «J’ai découvert en travaillant sur notre chalet que le choix des finitions prend un temps fou, amène beaucoup de stress et est un vrai casse-tête. Alors imaginez quand ce n’est pas votre métier! Moi, j’adore ça! Je me suis alors tournée vers l’accompagnement des propriétaires dans le choix des finitions.»

Le stress, visiblement la fée de vos logis ne connaît pas: «Je suis bien dans mon métier, bien chez moi. Les Valaisans m’ont accueilli à la belge et vice versa. Pour me détendre, j’ai les randonnées, le ski, le ski bar, la vie culturelle étoffée de Crans-Montana. Avec le funiculaire et le train, on est proche de tout. L’aéroport n’est qu’à deux heures de la maison. Je suis fière d’habiter une commune à la fois attractive et sauvage!»

Par Jean-François Fournier