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12.08.2024Rosario Boscacci, le philanthrope des quatre coins du monde

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La Pomme géante de l’artiste Lisa Papon, au rond-point de la Marquise, est un achat récent de la Commune de Crans-Montana au bénéfice de la Fondation AClem pour les enfants défavorisés, une création du promoteur-écrivain aux mille vies. Rencontre avec son fondateur, Rosario Boscacci.

«J’ai réalisé tous mes rêves, sauf le premier d’entre eux: devenir acteur de cinéma. C’est sans doute pour ça, que j’ai multiplié les rôles et les costumes dans mes vies professionnelles et privées.» Septante-quatre ans, d’origine tessinoise, Rosario Boscacci est un caractère de roman dont il incarnerait tous les personnages: l’entrepreneur, le promoteur, l’aventurier, le spécialiste du renseignement, le restaurateur, l’hôtelier, le marchand d’art et, last but not least, le philanthrope qui œuvre de l’Afrique à l’Asie du Sud-Est.

 

L’homme de Crans-Montana

«J’ai découvert le Haut-Plateau à 3 ans avec mes parents, pour apprendre le ski qui est encore et toujours mon sport préféré; jeune homme, j’ai même donné des cours.» À 11 ans et trois saisons consécutivement, il travaillera sur l’alpage, en dessous des Violettes. «Se lever 4 heures, nourrir les cochons, puis surveiller et traire le bétail en fin de journée, acheminer le lait…»

Son père, d’origine paysanne et commerçant dans le textile, et sa mère, «artiste peintre très originale», ont marqué son parcours. «J’ai eu un parcours difficile: seize écoles en 18 ans, dont deux passés dans la rue plutôt qu’en pensionnat. Ça a sûrement forgé mon caractère, même si ce fut un passage très dur.» Pour la petite histoire, sa maman est l’auteur d’un script de notoriété mondiale et intitulé La Croisière s’amuse: «Elle l’a vendu aux Allemands, qui l’ont bien eue en la rémunérant 20'000 francs, avant de le revendre aux Américains pour qu’il devienne la série mondiale que tout le monde connaît.»

Aujourd’hui domicilié à Crans-Montana, Rosario Boscacci y a mené plusieurs promotions immobilières et réussi nombre d’affaires, rachetant entre autres Cinécran et le restaurant Michelangelo. Son fils Tassilo y chapeaute – depuis Lausanne – une succursale de son agence Attica Immobilier. «J’aime tout ici. On trouve encore des gens polis, relax, qui ont le sens de la camaraderie. Ajoutez à cela notre panorama unique, le soleil, la nature, la convivialité propre à cette région.»

 

L’homme d’action

Petit flash-back sur les jeunes années de Rosario. «Dans la vingtaine, j’ai postulé dans un grand groupe international qui s’occupait en toute légalité de renseignement économique. J’y ai gradé rapidement et…» Derrière les points de suspension, une agence de renseignement d’un pays très important repère et recrute le valdo-tessinois (il est né dans le quartier de l’Élysée à Lausanne) qui sillonnera pour elle l’Afrique de l’Ouest. «Je n’en dirais pas davantage, sourit Rosario Boscacci, c’est un domaine passionnant, mais qui exige une discrétion à vie.»

Il devient alors successivement publicitaire en Afrique, membre du directoire d’une banque privée à Genève, avant d’additionner des missions pour le CICR et le programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD).

 

L’homme de pierre

Cap ensuite sur les années quatre-vingt, celle du boom de l’immobilier. Rosario s’y lance avec son énergie et sa volonté de battant. Au total, il bâtit, bâtit encore, et dépasse la cinquantaine de promotions. «J’ai gagné des sommes dont vous n’avez même pas idée, jusqu’au moment où les taux ont grimpé de 4 à 8%, entraînant un crash monumental, doublé chez nous d’une loi qui obligeait de conserver cinq ans un objet immobilier avant de le revendre. Si je résume ce qui m’est arrivé, ça tient en quatre mots: j’ai tout perdu!»

 

L’homme et le philanthrope

Il en faut plus pour jeter à terre Rosario Boscacci. «Je me suis refait, comme on dit, au courant des années 90. J’ai recentré mes affaires sur les Alpes dans la promotion et le courtage.» Et puis en 1999, avec son épouse Laura, ils créent la Fondation AClem en faveur des enfants défavorisés, «principalement au Myanmar, en Ouganda, en Tanzanie et au Kenya.» Ils soutiendront par exemple deux centres scolaires de 135 et 80 élèves à Zanzibar, et une école orphelinat pour jeunes filles dans l’ex-Birmanie, ainsi qu’une école et des orphelinats en Ouganda. C’est au bénéfice de cette Fondation que la Commune de Crans-Montana vient d’acquérir de lui la déjà fameuse pomme du rond-point de la Marquise, cousine de celle que l’on trouve au Crans Ambassador. Des œuvres de l’artiste mi-brésilienne mi-allemande Lisa Papon, dont Bull & Stein est le producteur mondial, et Attica Art l’agent exclusif pour la Suisse depuis 2012.

 

L’homme des mots

Parmi ses rôles innombrables, il en est un que Boscacci goûte depuis plus de 30 ans: l’écriture. «Je n’écris pas d’histoires complexes, même si mes amis me disent souvent que ma vie vaut un roman. J’aime les mots, les aphorismes, les maximes, les citations, les émotions. Je ne m’organise pas pour écrire. Je le fais au débotté, je jette des mots qui viennent de moi sur le papier, et un jour, cela aboutit à un recueil.»

«La famille et la paternité sont au cœur de tout, insiste Rosario. Et je suis fier de mes cinq garçons, le premier très tôt dans ma vie, le dernier très tard, autant de paternités qui sont les choses les plus importantes de ma vie.» Dans son ultime opus, sous le titre «Fils», on peut découvrir ce bel appel à la chair de sa chair: «Ayez la force du guerrier, la noblesse dans l’éducation, / l’intelligence du savant, le cœur beau et sensible comme / la Rose / Un peu de folie pour que votre vie soit faite de lumière.»

Par Jean-François Fournier