11.03.2024«Crans-Montana sera bientôt la plus belle station… d’été!»
Nouvelle présidente de l’association des hôteliers, Géraldine Bestenheider évoque son métier et les atouts de Crans-Montana. Avec passion et sans langue de bois.
La famille Bestenheider règne sur Crans-Montana où elle possède l’hôtel du Pas de l’Ours, L’Étrier, l’Aïda, et les adresses gourmandes du Gréni et Gerber. Armand, le patriarche, n’a rien du multimillionnaire inatteignable. Il sait même parfaitement d’où il vient: d’un grand-père allemand, gros travailleur, et d’un père qui a débarqué sur le Haut-Plateau pour reprendre une concession de ramonage. Lui, le hockeyeur de génie, l’athlète d’envergure nationale, s’était lancé dans la cuisine avant d’acheter la Villa Aïda, avec l’aide de son club et de son frère Jacky. La saga des Bestenheider hôteliers était lancée… À noter encore pour être complet la présence de son épouse Christiane Bestenheider Fischer, toujours à ses côtés, elle aussi issue d’une famille d’hôtelier (hôtel Saint-Georges à Montana).
Aujourd’hui, leur fille Géraldine, 48 ans, vient d’être nommée à la présidence des hôteliers de Crans-Montana, alors qu’elle gère L’Étrier, superbe havre de paix avec une sympathique touche familiale. À 20 mètres, Le Pas-de-l’Ours est animé par sa sœur Séverine et son mari, le maître-queux Franck Reynaud, qui vient de célébrer ses 30 ans aux fourneaux de l’établissement, avec une jolie étoile Michelin et un remarquable 18/20 au GaultMillau.
Potion magique hôtelière
La potion magique, Madame la présidente est tombée dedans quand elle était toute petite: «Mon parcours n’est pas vraiment étonnant. Petite fille, j'étais évidemment très familière de l’ambiance hôtelière. Mais je rêvais d’abord de devenir reporter. Ensuite, je suis partie huit ans à Londres. Enceinte, j’ai décidé de revenir au pays où j’ai repris ce très bel établissement qu’est L’Étrier.»
Et de poursuivre son histoire: «J’avais fait des études en marketing et en relations publiques, ce qui n’était pas si loin que ça de l’hôtellerie. Je me suis donc lancée en balayant mes craintes et en suivant une formation continue. Je ne me suis jamais sentie en terrain inconnu.» De quoi lui mettre très vite le pied… à l’étrier:
«Les relations avec les gens, ça a toujours été un moteur pour moi, et c’est aussi le cœur de mon métier. Je suis donc très privilégiée de pouvoir faire ce que j’aime et qui me correspond.»
L’esprit tribu
Chez les Bestenheider, on est rarement seul. «Mes parents ont eu quatre filles, moi j’en ai eu trois, une qui est au FC Sion, une à Ski-Valais et l’autre qui s’implique vraiment dans la chanson. Ça fait beaucoup de mouvement alentour, mais ce n’est pas pesant. On est tous très famille. On se voit beaucoup. Séverine et Franck sont carrément à la porte à côté. Et Stéphanie et Frédéric dirigent la brasserie Gerber.»
Cet esprit d’équipe, Géraldine souhaite le transmettre à ses collègues hôteliers de Crans-Montana: «Ça me tient à cœur. Je veux transmettre mon attitude qui est toujours positive. Ça fait vingt ans qu’on se plaint de ceci, de cela: il est temps qu’on bouge, qu’on collabore davantage, notamment avec les autorités locales. J’aimerais que les hôteliers participent bien plus aux activités de la station, qu’on prenne part à l’établissement des calendriers d’animations. Bref, qu’on soit une vraie force de propositions, une association véritablement active.»
La plus belle station… d’été!
Quel regard porte-t-elle sur son business et sur ce Haut-Plateau souvent magique?
«Notre monde est tout sauf facile. Il y a de plus en plus d’égoïstes ou d’indifférents. Mais nous avons de grands atouts. Tout le monde les connaît: on est une petite ville à la montagne où l’on a beaucoup de choses à faire; on est tantôt neige, tantôt balades, toujours soleil.»
«Avec les modifications climatiques en cours, estime Géraldine Bestenheider, Crans-Montana sera bientôt la plus belle station d’été suisse. Nous avons tout: le grand air, les bisses, les alpages, les forêts, les lacs, la faune, la flore, le trek en montagne, les réseaux de sentiers ou de pistes cyclables. Franchement – et on est mieux placé que Zermatt en l’occurrence –, je ne serais guère étonnée qu’on accueille un jour proche davantage de visiteurs l’été que l’hiver. Cela dit, ça n’entache en rien mon enthousiasme pour l’organisation chez nous de Coupes du monde de ski alpin et, surtout, des Championnats du monde 2027.»
Appel au professionnalisme
À ce sujet, les tensions autour des remontées mécaniques laissent songeur, non? «Le potentiel est là, on peut même encore le renforcer. J’attends personnellement une exploitation plus professionnelle, des investissements nécessaires, et pourquoi pas le fameux tarif préférentiel pour les hôtels que l'on attend depuis des années. On l’a déjà depuis peu, mais un peu bancal!»
L’actualité américaine de nos stations ne l’effraie pas. «Quand bien même il fonctionne à satisfaction chez eux, le modèle US ne s’exporte pas très bien. À part peut-être à Andermatt. Alors, attendons!»
Après le ski, place au repas et à la soirée. «L’offre de restauration est l’un de nos points forts, martèle Géraldine. C’est plus tard que ça se gâte. Mes filles qui vont de 16 à 22 ans s’ennuient ferme. Et si le Caprices Festival nous a ouverts à la clientèle festive, c’est définitivement dans ce domaine nocturne qu’il nous manque une offre attractive.»
Par Jean-François Fournier
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